9h00
Conférence
Santé et
bioéthique
Biomédecine et technosciences, à la vie, à la mort
par Christiane VIENNE, Grand Maître de la Grande Loge Mixte de France, ancienne ministre de la santé du gouvernement Wallon, ancienne sénatrice et députée du Parlement fédéral de Belgique
modératrice : Patricia LAQUEL
Contenu de la conférence
Des questions qui interroge notre rapport à la vie et notre rapport à la mort
- influence extrêmement importante sur notre liberté
- très tôt, la franc-maçonnerie s’intéresse à ces questions
- place du citoyen devant les spécialistes des questions médicales
- questions à la fois philosophiques, juridiques et sociales
- fantasmes liés à l’évolution des droits
- jusqu’où veut-on aller ? Qui décide ?
Trois exemples
- Le 19 septembre 2023, Neuralink, la start-up d’Elon Musk, a lancé une campagne de recrutement de sujets humains pour l’implantation de puces neurologiques. Cette interface, appelée “The Link”, devrait permettre à des personnes paralysées de contrôler des objets par la pensée. L’objectif de cette interface est de restaurer l’autonomie des personnes atteintes de paralysie.
- Ces futurs essais cliniques sont donc réservés à ces personnes.
- Qui le garantit ? Comment être assuré que ce ne sera pas mis au service d’autres objectifs moins acceptés ?
- Des greffes de cœur de porc sur des humains ont été réalisées. La première a eu lieu en 2022, réalisée par des chirurgiens américains de l’université du Maryland. Le cœur du porc était génétiquement modifié pour éviter le rejet par le système immunitaire du patient. La deuxième transplantation a eu lieu le 20 septembre 2023 sur Lawrence Faucette, un ancien militaire à la retraite atteint d’une grave maladie du cœur. Il respire actuellement seul et son nouveau cœur fonctionne très bien, sans assistance. Ces opérations sont considérées comme une étape majeure pour les xénogreffes, qui visent à pallier la pénurie d’organes humains disponibles.
- Les cellules souches pluripotentes induites (iPS) sont un outil formidable pour la recherche qui pourrait révolutionner les nouvelles thérapies. Ces cellules peuvent être produites en quantité illimitée, à très grande échelle, pour une large population. Elles sont déjà largement utilisées pour modéliser de nombreuses pathologies et tester l’efficacité de molécules potentiellement thérapeutiques. La prouesse scientifique récompensée par le prix Nobel de médecine 2012 consiste à prélever pratiquement n’importe quelle cellule chez un adulte et à la reprogrammer génétiquement pour la rendre pluripotente, c’est-à-dire capable de se multiplier à l’infini et de se différencier dans tous les types de cellules qui composent un organisme adulte, comme une cellule souche embryonnaire. Des essais cliniques fondés sur le recours à ces cellules ont en outre débuté dans plusieurs pays, pour différentes maladies. En France, la recherche sur l’embryon est autorisée sous certaines conditions. Les chercheurs autorisés peuvent travailler à partir d’embryons en surnombre conçus dans le cadre d’une fécondation in vitro ou d’un diagnostic préimplantatoire que les parents choisissent de donner à la recherche. Ces travaux sont importants car à terme, ils peuvent permettre d’améliorer les chances de réussite des tentatives de fécondation dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation, par exemple. La recherche doit permettre par exemple de progresser dans la connaissance du développement humain, la compréhension des mécanismes biologiques qui caractérisent ces cellules mais aussi dans une perspective de nouvelles voies thérapeutiques, comme la médecine régénérative.
Les quatre principes de la bioéthique
- Respect de l’autonomie : la possibilité pour les personnes de choisir et de décider par elles-mêmes.
- Le principe de bienfaisance : faciliter et faire le bien, contribuer au bien-être du patient.
- Pas de malveillance : interdiction de nuire ou de mener des actions malveillantes.
- Justice : s’attacher à l’équité, à l’égalité des chances et au partage juste et équitable des responsabilités liées aux coûts, aux risques et aux bénéfices des décisions bioéthiques.
La bioéthique considère chaque personne comme une entité sans limites, libre de prendre toutes les décisions relatives à sa santé et à tout autre sujet en lien avec la biologie, la politique, la science environnementale et la génétique
Quelles sont les régulations ?
- Jusqu’où sommes nous prêt à sacrifier une partie de nos libertés au profit d’une sécurité médicale ?
- Les organisme de régulation en France
- Le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé est une instance pluridisciplinaire de réflexion dont la mission porte sur les « questions de société soulevées par les progrès de la connaissance dans les domaines de la biologie, de la médecine et de la santé ».
- L’Agence de la biomédecine intervient dans les domaines de :
- du prélèvement et de la greffe d’organes et de tissus ;
- du prélèvement et de la greffe de moelle osseuse ;
- de la procréation médicale assistée ;
- de la recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines ;
- du diagnostic prénatal, préimplantatoire ;
- de la génétique humaine.
- Les accords internationaux
- Exemple de l’interdiction du clonage humain
- Contre-exemples d’autres domaines où c’est moins clair
- le transhumanisme
- les questions sur la fin de vie
- les questions sur le changement de sexe
Une question sociale et sociétale
- Ni imposer, ni interdire
- La question de l’accessibilité à tous
- Des décisions politiques claires
La méthode des francs-maçons pour aborder ces question
- Travail dans un temps long
- Prise en compte de l’altérité et de l’égalité
- Responsabilité de contribuer à la réflexion collective
Les questions de la salle ont porté sur :
- L’utilisation des cellules souches contre le vieillissement
- Les consultations citoyennes
- La nécessité d’instruire , de transmettre les connaissances, d’apprendre à s’impliquer en tant que citoyen
- La responsabilité des politiques